L’hebdomadaire Tel quel méprise les conditions sociales des ouvrières agricoles dans la région de Souss
L’hebdomadaire généraliste marocain Tel Quel a publié sur son édition N° 689 un article intitulé « Moukef agricole, les damnées de la terre ». Cet article, qui comprend uniquement des témoignages d’ouvrières agricoles qui travaillent dans les serres de la région Sous, a dénoncé les conditions de travail et de transport des ouvrières dans cette région.
Personne ne nie que ces conditions doivent être améliorées afin d’assurer un meilleur niveau de vie, toutefois certains points cités par Tel quel nous semblent incohérents comme détaillé dans ce qui suit :
Choix de la région
Le reportage a été réalisé dans la région d’Agadir qui est la première région exportatrice des produits horticoles au Maroc. Sa position en tant que leader national lui a permis d’adopter à la fois les bonnes pratiques agricoles, et d’offrir les salaires les plus élevés par rapport aux autres régions du pays ainsi que l’acquisition de certificats ou d’accréditations sociales qui permettent aux producteurs de répondre aux requêtes de leurs clients qui sont au moins aussi exigeants que le code du travail.
Le Souss est donc de loin la région la plus avancée sur le plan social alors qu’il y a d’autres régions agricoles où les salaires sont plus bas et les conditions de travail sont moins développées.
Conditions de transport
La première partie de l’article a traité les conditions du Moukef, du transport et de la sélection anarchique des ouvrières. » il est un peu plus de quatre heures de matin …dans le froid du matin les routes de la région sont encombrés de pick-up et de camions-remorques remplis d’ombres dérapées. Ces ombres sont les ouvrières agricoles de la région … », tout le monde sait que l’agriculture est une activité matinale, c’est vrai que les conditions de transport ne représentent pas l’idéal souhaité mais il faut noter également que grâce au pressing de certains clients et à cause des accidents mortels qu’a connus la région, les grands groupes producteurs optent actuellement pour des bus pour assurer le transport des ouvriers (Duroc et Azura par ex).
A noter que les conditions de transport citées par nos confrères s’effectuent au vu et au su de tous et ne peuvent pas impliquer la seule responsabilité des producteurs.
Disponibilité de la main d’œuvre
« Chaque jour la moitié d’entre eux part travailler, l’autre moitié rentre chez elle (ouvrières) « , ce mythe ne représente en aucun cas la situation que vit la région du Souss. Il faut noter qu’a faute de main d’œuvre certains producteurs se déplacent jusqu’aux régions lointaines pour chercher des ouvriers et ouvrières agricoles (Zagora, Ouarzazate …)
Salaire et nombre d’heures de travail
L’article stipule que les journées de travail durent jusqu’à 15 ou 17 heures et sont payées à 50 DH. Cependant d’une part, la plupart des ouvriers imposent l’activité à la tâche qui leur permet de travailler en continu jusqu’à midi ou 13 et que les producteurs sont obligés d’accepter malgré ce qu’elle génère en termes de baisse de la qualité de travail. D’autre part, dans les cas ou un horaire normal est pratiqué, le nombre d’heures travaillées varie de 8 à 10 heures. Aucun ouvrier ou ouvrière de la région n’acceptera actuellement de travailler plus de 10 heures par jour avec un salaire de 50DH par jour, le SMAG au minimum est exigé !
Equipements de protection et produits d’hygiène distribués les jours de l’audit et des visites clients
Malheureusement, certains producteurs optent pour cette solution afin de combiner à la fois les exigences clients et celles des normes de bonnes pratiques agricoles avec le refus d’une large partie des ouvriers agricoles qui souvent n’acceptent pas de porter les équipements de protection.
Il est clair que la situation du secteur agricole en particulier et du monde rural en général nécessite que le gouvernement et les intervenants du secteur déploient plus d’efforts pour mettre à niveau la population qui opère dans ce secteur, toutefois il faut également avouer que l’agriculture absorbe une grande masse de la main d’œuvre au niveau national et assure la survie de plusieurs familles.