Tomate : Le Maroc et l’embargo russe causeront au secteur des pertes de 100 millions d’euros à l’Espagne

Le secteur de la tomate en Espagne a connu une situation difficile depuis quelques années, mais la baisse des prix s’est aggravée cette campagne et les deux associations de producteurs et des coopératives parlent déjà d’une crise structurelle pour cette culture qui pourrait affecter le secteur horticole dans son ensemble.

Bien que le secteur ait déjà montré des signes de faiblesse, la situation s’est empirée avec l’embargo russe sur les fruits et légumes en provenance de l’Union européenne et dont la tomate est l’un des produits les plus touchés. Par conséquence, environ  200.000 tonnes de tomates andalouses ne pouvaient plus être exportées.

Pendant ce temps, nous avons également vu l’influence des exportations en provenance des pays tiers, en particulier le Maroc. Ce pays a consacré une grande partie de son activité horticole pour la culture de la tomate afin d’augmenter ses exportations.

Selon le président de l’association des fruits et légumes COAG, Andrés Góngora, ces deux aspects ont conduit à une augmentation accrue de l’offre sur le marché.  « Avec l’embargo russe, nous avons vu une baisse de la demande, et avec l’augmentation des exportations en provenance du Maroc, il y a eu une augmentation de l’offre de notre concurrent. » Ceci, à leur avis a crée une « situation idéale«  pour les chaînes de distribution, comme « l’abondance des produits signifie qu’ils ne doivent pas payer trop cher pour ce produit. »

En plus de ces deux principales causes, il faut ajouter la stratégie qu’exercent les chaînes de distribution pour faire baisser les prix. « Les acheteurs sont dans une position favorisée, car ils savent que nous sommes faibles et que nous ne sommes pas réunis, ils demandent toujours des prix plus bas, car ils savent qu’ils peuvent les obtenir« , assure Góngora, insistant sur la nécessité de promouvoir l’unité et la cohésion dans le secteur pour pouvoir faire face à ces « abus« .

Baisse des prix

En moyenne, les tomates d’Almeria atteignent un prix à l’origine d’environ 0,50 Euro par kilo, et cette année, les ventes ont été effectuées à des prix compris entre 0,38 et 0,42 euros par kilo. « En fin de compte, pas beaucoup d’argent a été gagné cette campagne et les coûts de production n’ont pas été couverts, » affirme Góngora.

Ces données montrent que les prix se tiennent entre 15 et 20 centimes par kilo en dessous du coût de production. La production de tomates d’Almeria cette saison devrait atteindre environ 800.000 tonnes (jusqu’à un million de tonnes ont été atteints dans les années de pic), de sorte que les pertes globales pour les producteurs de la province sont estimées entre 80 et 100 millions d’Euros.

COAG assure que cette crise a déjà des conséquences dans le sud-est de l’Andalousie (Almeria et Grenade), qui est passé de près de 12.000 hectares de cultures dans les années 2010 et 2011, lorsque les tomates  étaient rentables, à seulement 9.000 hectares cette année. Cela implique qu’environ 25% de la superficie a été perdue.

L’expert affirme que cette baisse est le résultat des préoccupations des producteurs au sujet de perte de revenu, ce qui les pousse à abandonner la culture de la tomate et d’opter  pour d’autres cultures qui sont moins chères à produire.