La clémentine de Berkane aura sa pépinière
L’Economiste: Vous venez de tenir une réunion d’urgence avec l’ensemble des professionnels du secteur agrumicole. De quelles questions avez-vous traité?
– Mahjoub Lahrache: Nous devions répondre dans l’immédiat aux attentes des professionnels du secteur et tenir en compte des doléances de l’Association locale des producteurs d’agrumes du Maroc (ASPAM), Maroc Citrus, les conditionneurs et toutes les catégories de producteurs d’agrumes. Nous nous apprêtons également à débattre de la commercialisation des agrumes avec le ministère de l’Agriculture afin de trouver des débouchés pour la prochaine campagne. L’opportunité pour lister les vrais problèmes de la filière et proposer des solutions adéquates adaptées à la région. Il était aussi question du nouveau système de subventions agricoles qui propose des aides en conformité avec les engagements des agriculteurs. Un financement qui cible toutes les catégories d’agriculteurs.
Pour réduire les charges du transport, les intervenants ont insisté sur l’importance de réguler la logistique commerciale et réaliser une plateforme pour l’exportation au port de Bni Nssar au lieu de passer par les ports de Casablanca ou Tanger. Cela permettrait de réduire ostensiblement les charges et faire gagner aux agrumes de la région 36 heures en fraîcheur et en qualité.
– Quelles sont les actions menées pour développer le marché local?
– En matière de performance, la région a dépassé les objectifs préconisés par le plan Maroc Vert qui tablait sur une superficie exploitable de 19.000 ha en 2020. On est actuellement à 20.000 ha. Concernant la densité par hectare, on est passé de 250 arbres/ha à 1.000 arbres/ha dans certains vergers. Idem pour la production qui est passée de 250.000 t en 2017 à 325.000 t. Plus de 23% de rendement à l’hectare. La tutelle prévoit aussi des stratégies pour répartir équitablement la production entre l’exportation (1/3), la transformation via une industrie de transformation (un autre tiers pour les jus, confiture, produits cosmétiques, aliments de bétail…) et l’écoulement du 3e tiers sur le marché local et national. Nous travaillons actuellement sur une mise à niveau des marchés de gros et marchés locaux. Nous comptons lancer des campagnes pour favoriser les fruits locaux et convertir la vente en vrac en packaging. Et pour préserver le clone de la clémentine de Berkane, réputé pour son goût et ses qualités gustatives, nous comptons monter une pépinière propre à ce fruit. En matière de respect des normes phytosanitaires, nous avons traité des milliers d’hectares contre la cératite et nous comptons généraliser ce traitement à tous les vergers de la région.
– L’amélioration des rendements a-t-elle contribué à celle des exportations?
– Malgré les contraintes, nous sommes en dépassement par rapport à l’année précédente. La région a exporté 46.000 t au 24 décembre, au lieu des 37.000 t de l’année précédente (+19%). Et ce, malgré les difficultés de démarrage (2 semaines de retard). L’effort réalisé par l’Etat et les exportateurs en matière de débouchés à l’international a permis d’exporter plus. Ce n’est qu’un début car tout est mis en œuvre pour améliorer les performances de l’ensemble des intervenants. De leur côté, les recherches et travaux de l’Onssa sont de plus en plus performants et nous ont permis d’approvisionner les marchés américains et russes en toute sécurité.
– Qu’en est-il des rejets d’oranges qui ont fait le buzz?
– Ce ne sont pas des arrachages des vergers et ce n’est pas une nouveauté en soi. Les agriculteurs ont l’habitude de se débarrasser des écarts de triage et des déchets (non solvables et non concevables). Au cours de cette campagne, ils se sont débarrassés de 500 tonnes sur 320.000 t. Insignifiant, dira-t-on! Ceci dit, il faut préciser que ces rejets jouent un rôle important dans le mulching au niveau des exploitations.
Source: https://leconomiste.com