Affaire Tango≠Nadorcott : « ce n’est qu’une tactique pour gagner du temps » déclare Eurosemillas
Tout a commencé à l’Université de Californie Riverside quand les scientifiques ont irradiés des greffons de la mandarine Nadorcott (Afourer) pour créer une nouvelle variété sans pépins appelé Tango, qui a inondé le marché des états unis depuis sa création.
L’entreprise de semences espagnole Eurosemillas vise à imiter ce succès en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient et en Amérique du Sud, mais elle doit faire face à des défis juridiques de la Nador Cott Protection NCP. Ces actions ont mis les producteurs sous pression, bien que la demande de plants continue à dépasser l’offre.
José Pellicer, directeur de développement chez Eurosemillas pense que ça sera très difficile pour la NCP de prouver que la variété Tango est essentiellement dérivée de la Nadorcott, affirmant que le cultivar est jugé très différent pour les producteurs et les consommateurs.
« Vous n’avez pas à couvrir les arbres avec des filets parce qu’ils soient complètement stériles. Cependant, si vous ne voulez pas avoir des graines pour la Nadorcott, vous êtes obligés de les couvrir pendant deux mois au printemps, ce qui augmente le coût de production d’environ 30%, » affirme Pellicer.
« Aussi, la variété Tango ne contamine pas les mandarines des vergers voisins avec des graines, parce que son pollen est parfaitement stérile », rajoute-t-il. »Cependant, la Nadorcott a un pollen très agressif et peut se transmettre au fruits voisins et les pépiniser. »
Du point de vue du consommateur, la Tango est facile à peler et a un bon calibre, une meilleure saveur et jus ainsi qu’une meilleure coloration que la Nadorcott.
« C’est une variété tardive, qui entre en production dans la deuxième saison des mandarines, de février à avril. Durant cette période, il y’a très peu de variétés et moins de production « .
Pellicer souligne que le plan de conversion variétale du gouvernement pour le secteur agrumicole espagnol exclut explicitement la Nadorcott pour cette même raison. En ce qui concerne les défis juridiques, il estime que les actions font tout simplement partie d’une stratégie commerciale de la NCP.
« Légalement, Tango continue d’être protégée partout malgré l’opposition de la Nador Cott. Il y avait un cas similaire il y a environ huit ans aux Pays-Bas à propos des fleurs coupées dans laquelle le juge a déclaré que ces sortes de poursuites peuvent être utilisées par le concurrent pour retarder l’entrée sur le marché « , affirme Pellicer.
« Même si vous perdez la plainte, vous gagnez au moins quelques années alors que la demande est là. Je pense que c’est exactement le cas de ce qui se passe ici. »A ce jour, ils ont perdu dans toutes leurs actions d’opposition, que ce soit par voie administrative ou juridique. »
Toutefois, si les tribunaux jugent que la variété Tango est essentiellement dérivée de Nadorcott, Pellicer juge que la situation serait encore gérable. »Dans ce cas, nous aurions à parvenir à un accord avec la Nadorcott. Ceci ne veut pas dire que nous allions perdre les droits de Tango, c’est une variété protégée « , dit-il.
Une forte demande en dépit de l’opposition d’AVA-ASAJA
Par ailleurs, l’association des agriculteurs de Valence (AVA-ASAJA) a appelé les producteurs à ne pas planter mandarins Tango , mais Pellicer souligne que l’association a un intérêt à changer cette position.
« AVA-ASAJA était contre la Nador Cott et contre l’ensemble du système des clubs de variétés jusqu’à ce qu’elle a fait une poursuite judiciaire à propos de la concurrence qu’elle a gagné et où Nador Cott a dû payer 5.000.000 d’euros pour des pratiques illégales en matière de commercialisation ».
« La solution au conflit, aussi bien pour AVA-ASAJA que Nador Cott, est qu’elles sont parvenus à un accord aux termes duquel AVA est devenue le bras de commande pour la Nador Cott, qui leur a rapporté des revenus importants ».
« Malgré cela, nous avons une énorme demande pour la variété tango, que nous ne pouvons pas satisfaire car il n’y a pas assez de plants pour répondre à toutes ces demandes « , affirme Pellicer.
« Nous réalisons des accords pour l’année à venir, car il n’y a plus de plants, la pépinière est saturée, donc je ne suis pas sûr du potentiel de la production pour cette année, ça pourrait être plus de 3500 plants ».
Production des plants
Pellicer affirme que le premier quota de la plantation est ouvert en Espagne avec un total de 1500 hectares.
« Quand il sera couvert, nous allons ouvrir un autre de 500 hectares, et puis encore 500 hectares de plus. »
« Maintenant, il y a des plantations, des demandes ou des accords dans les provinces de Castellon, Valence, Alicante, Murcie, Almeria, Cordoue, Séville, Huelva ».
« Nous venons de commencer. Cette année, il y a peu de production comme ce fut le cas l’année dernière. Je pense que l’année prochaine il y aura un peu plus de volume, mais ça risque de prendre un peu de temps car nous venons de commencer il y a trois ans « .
Pellicer souligne que cette année pourrait donner environ un million de kilogrammes, qui ne sont pas comparables au 140 mille à 150 mille tonnes de la Nadorcott en Espagne, mais selon lui c’est encore tôt pour juger le rendement de la variété.
« Ça pourrait prendre quelques années avant que nous atteignions de grands volumes parce que les arbres ne commencent à produire r pratiquement que dans la troisième année. »
Une expansion à l’échelle internationale
Eurosemillas et son partenaire Stargrow sont également confrontés à une affaire judiciaire de la NCP et Citrogold en Afrique du Sud , où les deux parties ont accepté d’aller à un procès dont le résultat sera connu cette année ou en 2016.
Citrogold a conseillé les producteurs d’être très prudents par rapport à cette variété, mais Pellicer dit que le système judiciaire est très similaire en Afrique du Sud en tant que pays signataire de l’Union internationale pour la protection des obtentions végétales (UPOV).
« En Afrique du Sud, la variété est multipliée, vendue avec certains accords et elle est plantée « , dit-il.
« Il n’y a toujours pas de fruits en Afrique du Sud pour cette année … mais nous ferons un quota de 1 500 hectares, comme nous l’avons fait en Espagne ».
« Nous travaillons également avec l’Uruguay, le Pérou, le Chili, le Mexique et la Colombie. Nous étudions les possibilités au Brésil, nous travaillons avec l’Italie, la Turquie et l’Egypte, mais en quantités très limitées, et nous travaillons un peu en Chine « .
Source : freshfruitportal.com