Baisse de la qualité du sperme : la faute aux pesticides ?
Le sperme des hommes consommant des fruits exposés à des pesticides contiendrait près de deux fois moins de spermatozoïdes. Entraînant une baisse de leur fertilité.
Les niveaux de résidus de pesticides les plus élevés dans les fruits et légumes consommés sont associés à une qualité du sperme fortement détériorée. C’est la conclusion d’une étude publiée mardi 31 mars 2015 dans la revue spécialisée Human Reproduction. Une étude réalisée auprès de 155 hommes âgés de 18 à 55 ans et fréquentant un centre de traitement de l’infertilité. Entre 2007 et 2012, 338 recueils de sperme provenant de ces hommes ont été analysés. Résultat : les hommes qui consomment le plus de fruits et légumes chargés en pesticides ont un nombre de spermatozoïdes inférieur de 49 % (86 millions par éjaculat contre 171 millions) par rapport aux hommes qui en consomment le moins. Second enseignement : le pourcentage de spermatozoïdes de formes normales était inférieur de 32 % chez les premiers par rapport aux seconds.
La consommation en fruits et légumes des participants a été évaluée par questionnaire. La teneur en pesticides n’a pas été mesurée directement, mais a été estimée sur la base des données du ministère américain de l’Agriculture. Les fruits et légumes consommées ont ainsi été répartis en groupes en fonction de leur teneur en résidus de pesticides : basse (pois, haricots, pamplemousse et oignons…), modérée, ou élevée (fraises, épinards, poivrons, pommes, poires…). À noter que le fait de laver et peler ces aliments a été pris en compte dans les questionnaires adressés aux participants.
Privilégier le « bio » ?
« Ces résultats suggèrent que l’exposition aux pesticides utilisés dans la production agricole pour l’alimentation peut être suffisante pour affecter la spermatogenèse chez l’homme », selon les auteurs, qui admettent toutefois que leur étude a certaines limites et que « d’autres recherches sont nécessaires ». En effet, ce type d’étude sur des couples consultant pour infertilité ne permet pas d’extrapoler à l’ensemble de la population masculine sans regarder si on y retrouve la même association. De plus, outre le petit nombre de participants, la mesure des pesticides n’était pas directe et la nature des produits consommés (« bio » ou pas) n’était pas connue, selon des spécialistes qui prennent soin de préciser que « ces résultats ne doivent pas décourager la consommation de fruits et légumes en général », commente d’ailleurs le professeur de nutrition et d’épidémiologie Jorge Chavarro (Harvard Medical School, Boston), co-auteur de l’étude. Celui-ci suggère néanmoins de privilégier la consommation de produits « bio » ou d’éviter les produits connus pour contenir de grandes quantités de résidus.
Des études précédentes ont montré que les expositions professionnelles aux pesticides pourraient avoir un effet sur la qualité du sperme ; mais jusqu’à présent, il y a eu peu de recherches sur les effets des pesticides dans l’alimentation. « Cette étude peut causer des inquiétudes inutiles », a déclaré Jackson Kirkman-Brown, du Centre de fertilité de la femme de Birmingham (Angleterre). « Les hommes qui souhaitent optimiser la qualité de leur sperme doivent continuer à avoir une alimentation saine et équilibrée » jusqu’à ce qu’on en sache plus, a-t-il dit au Centre Science et médias britannique. Et donc manger au moins 5 fruits et légumes par jour.
Source : sciencesetavenir.fr