Export agrumicole : le recul des recettes aggrave la crise
Les exportations agrumicoles stagneront cette année à moins de 550 KT avec une baisse des recettes frôlant 25% au kg. Avant la fin de la campagne d’export, il reste 40 à 50 KT à exporter, mais les 25% de la production agrumicole estimée cette année à 2,5 millions de tonnes ne devraient pas être atteints.
Abondance de l’offre, difficultés liées à la commercialisation et la diversification des marchés à l’export, problèmes de qualité, manque de synergie entre les professionnels, changement du profil variétal du verger et faible capacité du marché local…Les problèmes auxquels la filière agrumicole marocaine est confrontée sont de retour cette année et ils s’avèrent insurmontables à cause de leur caractère structurel, c’est pourquoi les professionnels n’hésitent pas à qualifier cette saison d’année de crise puisque l’actuelle campagne agrumicole censée enregistrer une production estimée à 2,5 millions de tonnes n’a pas profité à la filière, tant au niveau du marché local que de celui de l’export. Sur ce dernier point, les quantités exportées vers les marchés étrangers à l’instar des années précédentes ne dépasseraient pas le quart du volume de la production agrumicole.
Les recettes agrumicoles en baisse de 25%
À quelques mois de la fin de la campagne d’exportation, avec la production de variétés tardives telles que la Navel et la Maroc Late, le royaume a acheminé du 1er septembre au 26 mars 2017 une quantité de 528 kilotonnes (équivalent de 528.000 tonnes) contre 465 KT durant la campagne précédente, soit 14% d’augmentation. «La hausse des produits exportés faisant l’objet d’un accroissement ne signifie pas forcément une augmentation en valeur», explique Tarik Kabbage, producteur-exportateur d’agrumes. De ce fait, les exportations stagneront cette année à moins de 550.000 tonnes autour de 25% de la production avec un net repli des recettes. «Actuellement, il resterait 40 à 50 KT à exporter si le marché à l’export est favorable. Toutefois, les 25% ne devraient pas être atteints alors que les recettes au kilogramme sont en baisse de plus de 25%. De ce fait, elles devraient être nettement inférieures à l’an dernier», précise d’emblée un autre producteur-exportateur sous couvert d’anonymat.
Plus de productivité et moins d’exportations
Pour y remédier, les professionnels exigent de continuer à n’exporter que les quantités en mesure d’être absorbées par le marché de l’export dans de bonnes conditions de prix, mais surtout de qualité, néanmoins si on compare l’offre exportable en 1985 avec l’Office de commercialisation et d’exportation (OCE), on constate que le Maroc a exporté 700 KT sur 1,1 million de tonnes de production agrumicole contre seulement 425 KT sur 2,5 millions de tonnes cette année. Autrement dit, plus de productivité mais moins d’exportations ? De l’avis toujours des professionnels, la conquête des marchés à l’export se faisait avec une seule qualité de produit et une coordination à l’export, mais aujourd’hui en raison de la régression de ce paramètre (qualité) et la concurrence maroco-marocaine, les exportations peinent à se développer.
Les petits fruits dominent les exportations
Par produit cette fois, le changement fondamental observé dans la structure des exportations marocaines depuis le début des années 1990 est confirmé avec une dominance de l’ordre de 90% des petits fruits alors que le groupe des oranges s’est inscrit dans une tendance baissière importante. En chiffres, les petits calibres ont accumulé 474,7 KT en 2016-2017 contre 424,4 KT en 2015-2016, soit une hausse de 12%. Dans le détail, la majorité des variétés ont connu une augmentation de leurs tonnages, exception faite de la Nour qui a affiché une baisse de 7% alors que les clémentines et Nadorcott ont enregistré respectivement une augmentation de 16%. S’agissant des oranges, qui représentent à peine 8% des exportations, elles sont passées de 34,1 à 42,7 KT alors que le citron qui a accaparé 2% des exportations agrumicoles est passé de 5,7 à 9,7 KT par rapport à la période précitée.
Le Maroc toujours dépendant du marché russe
En regardant les chiffres de l’Établissement autonome de contrôle et de coordination des exportations (EACCE) de plus près, force est de constater que le marché russe, considéré comme un débouché commercial traditionnel, concentre encore 41% des exportations, suivi du marché de l’Union européenne qu’il faut encore développer (35%) tandis que les marchés canadien et américain ont respectivement capté 12 et 8%. Par conséquent, le Maroc n’arrive toujours pas à réduire sa dépendance vis-à-vis de ce marché (russe) qui a reçu 215 KT contre 192 KT alors que la part des autres débouchés commerciaux a pratiquement stagné ou augmenté d’un seul chiffre, notamment le marché de l’Union européenne et la Russie, en plus du Canada et des USA.
Les expéditions vers le Golfe en repli
Par contre, le tonnage destiné aux pays du Golfe est passé de 14,7 KT en 2015-2016 à 11,8 KT en 2016-2017, soit 20% de régression sur ce marché à fort potentiel d’exportation déjà identifié par l’EACCE, mais au-delà de la contrainte logistique, c’est la concurrence de la Turquie de plus en plus agressive sur ces marchés qui freine le développement du label marocain. Par ailleurs, la conquête du marché africain est grevée par l’absence de plateformes commerciales. À titre comparatif, la viabilité de la production espagnole est essentiellement due au regroupement de chaînes qui produisent 50 KT à 100 KT sous forme de consortiums, mais aussi grâce à la compétitivité logistique en raison de l’appartenance de l’Espagne au marché européen.
Source : leseco.ma