Exportations : les fruits rouges sur les traces des agrumes et de la tomate
L’interprofession prévoit de monter des structures d’accueil dans les zones de production pour parer aux besoins en main-d’œuvre. Les 60% de la production sont destinés à l’export, dont 95% du volume vers le marché européen.
Le recrutement de 12000 saisonnières agricoles par la filière espagnole des fruits rouges n’a pas d’impact majeur sur l’activité au Maroc. C’est ce que confirme Abdeslam Acharki, directeur d’Interproberries Maroc (IPBM), l’interprofession de la filière des petits fruits rouges.
«Nous ne pouvons pas dire qu’il n’y a pas d’impact car c’est une main-d’œuvre qualifiée et expérimentée qui est recrutée par les Espagnols. La plupart de ces femmes sont d’anciennes fraisicultrices. Toutefois, l’impact sur la disponibilité des ressources humaines dans notre filière est infime du fait que la récolte ne dure que trois mois entre mars et juin», détaille notre source.
Pour autant, l’interprofession a déjà engagé la réflexion en vue d’installer des structures d’accueil dédiées aux ouvriers agricoles dans les régions du Gharb et du Loukkos, là où se concentrent les bassins de production des fruits rouges. D’autant que le besoin en main-d’œuvre qualifiée est appelé à augmenter d’année en année avec l’extension des surfaces cultivées ainsi que l’accroissement de la production et de la demande extérieure…
A ce jour, 20 000 postes permanents ont été créés. S’agissant des emplois saisonniers, la filière a compté durant la campagne précédente 3 millions de journées de travail dans les exploitations agricoles et 1,5 million de journées dans les stations de conditionnement.
«Avec un chiffre d’affaires à l’export de 3,44 milliards de DH durant la campagne 2016-2017, notre filière rivalise désormais avec celle des agrumes et de la tomate», se félicite Acharki Abdesslam.
Les superficies sont en hausse
Fraise (3 300 ha), framboise (1 900 ha), myrtille (1890 ha), et récemment le mures (16 ha)…. Les exportations de petits fruits rouges ont totalisé, selon les chiffres de l’IPBM, pas moins 103 004 tonnes vers 41 marchés internationaux. Fait important à noter, ce volume représente 60,5% de la production globale de la filière durant la campagne précédente. Cultivée sous serre sur une superficie globale de 7 106 ha, la culture des fruits rouges ne dépend pas directement des précipitations. Climat favorable, disponibilité des terrains, de l’eau et de la main-d’œuvre, proximité de l’Europe… Telles sont les clés de succès qui ont fait des fruits rouges un champion à l’export.
«La progression des exportations marocaines ces dernières années, surtout en fraise surgelée, est due essentiellement à l’implantation de grandes firmes européennes qui ont réalisé d’importants investissements dans les 23 unités industrielles de conditionnement et surgélation et en installant des structures d’encadrement en faveur des producteurs», explique notre interlocuteur.
Le Maroc fournit 41 pays dans le monde alors que les pays de l’Union européenne (UE) absorbent 95% de ses exportations.
Initiée au Maroc via la délocalisation d’entreprises européennes au début des années 90, la culture des petits fruits rouges a connu une ascension fulgurante depuis cette époque. Exemple : la superficie de la fraise est passée d’une centaine d’hectares à 3 300 – dont 50 ha bio – en 2018. Celle dédiée à la framboise est de 19 890 ha en 2018 au lieu de 30 ha en 2005. «90% de la production est exportée», confie le directeur de l’IPBM. En 2017, la production a atteint 15 908 tonnes.
La myrtille a démarré en 2008 avec 150 ha pour atteindre 1 200 ha en 2018. Sa production s’élève quant elle à 16 825 tonnes dont 95% sont dédiés à l’export.
La framboise et la myrtille sont de plus en plus demandées sur les marchés européens, ce qui explique, selon notre source professionnelle, la tendance à l’augmentation des superficies qui leur sont dédiées. «Les investissements des dix prochaines années cibleront la framboise, la myrtille et le mure vu la croissance de la consommation mondiale», prévoit M. Acharki.
La quasi-totalité des exportations agricoles sont certifiées EUREGAP, tandis que la majorité des stations de conditionnement et unités de surgélation sont certifiées HACCP. C’est que pour pénétrer des marchés aux nombreuses barrières non tarifaires, le respect des standards élevées en matière de contrôle des résidus des produits phytosanitaires, de protection de l’environnement et de la traçabilité pour chaque lot exporté, la recherche de la qualité n’est pas un luxe.
Source : lavieeco.com