Génération Green : de nouveaux atouts pour faire émerger une classe moyenne rurale
Le Plan Maroc Vert (PMV) arrive à son terme. Cette stratégie a impulsé une nouvelle dynamique au secteur agricole. Grâce à des contrats-programmes signés entre l’Etat et des fédérations interprofessionnelles, ce plan a permis à différentes filières d’améliorer sensiblement leur productivité, la qualité et de hisser le niveau des exploitants. Si le PMV s’est concentré sur des objectifs chiffrés en matière de réalisation, la nouvelle stratégie dite « Génération Green » place l’élément humain au cœur de ses fondements.
L’émancipation de la population rurale et son développement sont le nouvel enjeu de cette vision. Au cours de l’ouverture de la session parlementaire en octobre 2018, le Roi Mohammed VI a annoncé la couleur. Il a affirmé que de nouveaux horizons s’ouvrent pour le secteur et a défini trois priorités : la jeunesse, l’emploi et l’émergence d’une classe moyenne rurale, tout en pointant du doigt les grands nœuds qui bloquent le PMV. Force est de reconnaître que l’agriculture demeure un secteur stratégique pour le pays. Elle est le premier employeur avec 4 millions de personnes, soit 40% de la population active.
Le développement de l’agriculture devrait améliorer la sécurité alimentaire, les exportations et, surtout, hisser le niveau de vie de la population rurale. In fine, assurer les ingrédients nécessaires pour réduire les inégalités sociales avec les centres urbains et développer une classe moyenne. La nouvelle stratégie, qui cible la période 2020-203, vise à créer 350.000 emplois. «L’agriculture est un levier pour l’essor d’une classe moyenne dans le monde rural. Mais elle reste insuffisante pour assurer les objectifs escomptés. Il faut d’autres mesures d’accompagnement et des dispositions de grande ampleur sur le long terme», indique Mohamed Rahim, enseignant-chercheur en économie agricole et développement rural.
Et de poursuivre : «il faut renforcer les infrastructures de base pour séduire les investisseurs. Le système d’enseignement et de formation doit être orienté vers les filières à vocation rurale ou agricole. La plupart des jeunes de ces milieux, lorsqu’ils arrivent à un certain niveau d’instruction, optent pour des métiers qui sont le plus souvent exercés dans les villes. Il faut également assurer à cette population l’environnement nécessaire pour se développer, notamment des services publics de bonne facture, comme les institutions d’enseignement et les centres de soin, sans compter les autres lieux de loisir ou de distraction».
L’accès au foncier et au financement est lui aussi un élément important pour inciter les jeunes à s’intéresser au secteur agricole. Le projet de melkisation devrait donner un nouvel élan à l‘entrepreneuriat dans le monde rural. Il est programmé que la classe moyenne rurale bénéficiera d’un million d’hectares parmi les domaines de l’Etat et/ou des terres soulayates. Encore faut-il revoir le statut foncier de ces terres pour le rendre plus moderne et compatible avec l’environnement socioéconomique actuel du secteur agricole et du monde rural. Le changement de statut permettra également d’accélérer l’accès à l’immatriculation. Les nouveaux propriétaires auront la possibilité d’accéder au crédit. A cet égard, l’Etat a prévu une panoplie d’outils pour assurer le financement des exploitants à des conditions avantageuses. Outre la mobilisation des fonds, le département de l’Agriculture a programmé des dispositions pour accompagner les agriculteurs au niveau technique et d’encadrement.
Source: https://fnh.ma/