La bataille contre le pesticide Glyphosate continue

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L’Union européenne voudrait ré-autoriser le glyphosate, la matière active du Roundup de Monsanto. Mme Royal annonce qu’elle s’y opposera. Et l’association Générations futures lance une procédure judiciaire.

« Cela devient un véritable feuilleton », soupire François Veillerette, directeur de Générations Futures, lors d’une conférence de presse tenue par cette association lundi 2 mai. Des mois qu’il lutte avec son ONG – aux côtés d’un large réseau européen – contre le glyphosate, l’une des principales substances chimiques actives dans le Roundup, l’herbicide le plus vendu au monde.

Au cœur de la bataille, la reconnaissance de la cancérogénicité du glyphosate : bien que le Centre International de recherche sur le Cancer (CIRC) – une agence rattachée à l’Organisation mondiale de la santé – l’ait classé comme  » cancérigène probable chez l’homme » en mars 2015, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) continue de nier tout danger. « Elle rejette les conclusions sur la toxicité excessive ou les résultats des études épistémologiques, selon des prétextes fallacieux et une méthode de traitement biaisé des données scientifiques et statistiques », dit François Veillerette.

L’actuelle autorisation d’exploiter le glyphosate expirant en juin 2016, la Commission européenne espérait faire voter rapidement la ré-homologation du produit, au printemps. C’était sans compter l’inquiétude grandissante, dans les opinions publiques, qui a fait annuler le vote et le repousser à fin 2017.

Mais il y a quelques jours, nouveau rebondissement : le 22 avril, Le Monde a révélé un projet de la Commission Européenne de ré-autoriser le glyphosate pour dix ans, un projet soumis au vote des Etats membres les 18 et 19 mai prochain.

Pour convaincre les autorités, Générations Futures a décidé de saisir la justice. A l’image des premières plaintes sur le sujet en Allemagne et en Autriche, une plainte contre X doit être déposée dans les dix prochains jours. « Plusieurs éléments nous laissent à penser qu’il y a bien falsification et mensonges dans le cadre d’une fraude généralisée « , estime Me François Lafforgue, qui invoque l’article L213-1 du code de la consommation pour justifier de la « tromperie aggravée », la qualification pénale retenue. « Les risques en matière de santé et d’environnement sont connus du fabriquant mais cachés aux consommateurs« .

Celui qui a victorieusement défendu l’agriculteur Paul François dans son procès contre Monsanto espère convaincre le Parquet de mobiliser des moyens sur une enquête complémentaire. Dans un contexte où l’accès à l’information est rendu quasiment impossible –  » l’EFSA refuse de communiquer certaines études malgré la demande officielle de certains parlementaires », assure François Veillerette – la plainte pourrait mettre à jour certaines responsabilités : « La justice pénale peut se saisir de ce genre d’affaires pour faire la lumière sur les mécanismes à l’œuvre », dit MeLafforgue qui prend appui sur l’affaire Volkswagen :  » Le Parquet a décidé d’ouvrir une information judiciaire – toujours en cours – sur la base d’un rapport de la Direction générale de la répression des fraudes « .

En attendant, Générations Futures joue la carte de l’opinion publique. Selon un sondage qu’elle a commandité auprès de l’IFOP le mois dernier, 69 % des Français interrogés sont opposés au renouvellement de l’autorisation du glyphosate. Soit trois fois plus que ceux (23 %) qui s’y déclarent favorables.

 

Source : reporterre.net

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