La Commission Européene braque les microscopes sur les néonicotinoïdes
La Commission européenne a entamé vendredi 22 mai un passage au crible des nouvelles données scientifiques sur les risques pour les abeilles associés aux trois néonicotinoïdes dont l’usage est actuellement partiellement interdit dans l’Union européenne.
La Commission s’était engagée en 2013 à procéder à cette évaluation scientifique, dans le cadre de la prise en compte des menaces pour les abeilles l’ayant conduite à limiter temporairement l’utilisation de ces trois insecticides : clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxam. Cette interdiction partielle restera en vigueur durant tout le processus d’examen, piloté par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), a précisé la Commission.
La France a de son côté annoncé qu’elle allait œuvrer pour que ce moratoire soit reconduit et étendu. Les néonicotinoïdes, qui agissent sur le système nerveux des insectes, sont accusés de décimer les colonies d’abeilles.
Dans un premier temps, l’Efsa a « invité les autorités nationales, les instituts de recherche, le secteur de l’industrie et les autres parties intéressées à présenter toute nouvelle information pertinente » sur les trois substances incriminées. Leur utilisation a notamment été interdite en traitement du sol ou des semences, et en application préfloraison sur les cultures qui attirent les abeilles et sur les céréales autres que les céréales d’hiver. Les parties prenantes devront répondre d’ici le 30 septembre 2015. L’Efsa « formulera ensuite ses conclusions concernant une mise à jour de l’évaluation des risques associés à ces substances ».
L’Autorité poursuit par ailleurs une évaluation des risques pour les abeilles liés à l’usage des trois pesticides sur les feuilles des végétaux traités. Elle doit finaliser ses conclusions d’ici fin juillet.
Deux fabricants, le suisse Syngenta et l’allemand Bayer, ont contesté le moratoire européen devant la Cour de justice de l’UE. L’imidaclopride de Bayer a entre-temps été épinglé par l’Efsa pour le risque qu’il fait peser cette fois sur la santé humaine, en affectant « le développement du système nerveux « . L’imidaclopride » pourrait avoir des effets nocifs sur le développement des neurones, les composants structuraux du système nerveux et les cellules qui transportent des messages du cerveau à d’autres parties du corps « , avait jugé l’Efsa en décembre 2013.
L’Autorité a recommandé d’abaisser la dose de référence aiguë (relative à l’exposition aiguë au cours d’une journée ou d’un repas) de 0,08 mg par kg de poids corporel par jour à 0,06 mg. Cette proposition, qui n’a pour le moment pas été adoptée par l’UE, a été émise « par précaution « , a relevé Bayer dans une mise au point à l’Afp. » Cette diminution de la dose de référence a pour but de garantir la marge de sécurité du produit. Sachant que cette dose est ensuite divisée par un facteur de 100 pour garantir une marge de sécurité suffisante, la diminution proposée par l’Efsa n’a aucune conséquence sur l’évaluation des risques liés à l’exposition à cette matière active, et donc sur le développement du système nerveux humain « , a ajouté le géant allemand de la chimie-pharmacie.
Selon la Commission, 84 % de la production végétale destinée à la consommation humaine en Europe dépend de la pollinisation assurée par les abeilles, également menacées par la perte de biodiversité végétale et le réchauffement climatique. La prohibition partielle des trois pesticides avait été soutenue par 15 États, dont la France et l’Allemagne, mais combattue par huit, dont le Royaume-Uni, l’Italie et la Hongrie, tandis que quatre s’étaient abstenus.
Source : terre-net.fr