La framboise française en quête d’un rebond
Alors que la consommation de framboises connait un essor en France, avec une hausse des achats de 9,4 % en volume entre 2015 et 2019, le secteur français cherche à se développer afin de faire face à la concurrence étrangère. Selon une étude du Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL), seulement 13 % des framboises commercialisées aujourd’hui dans l’Hexagone seraient d’origine France, contre 31 % il y a une décennie.
« On produisait plus de 8 000 tonnes de framboises fraîches il y a quinze à vingt ans, contre 4 000 t actuellement », indique Philippe Massardier, animateur de l’Association de valorisation de la framboise française (AVFF). Il souligne que les professionnels du secteur « ont toujours eu beaucoup de mal à s’entendre et à se fédérer ».
À Laon (Aisne), Stéphane Decourcelle, directeur du secteur frais de l’entreprise Fruits rouges & Co, précise qu’au niveau de la production, « on constate chaque année un déficit important et une incapacité de l’ensemble des opérateurs de répondre globalement à la demande ».
Chaque année, la France importe plus de 22 000 tonnes de framboises fraîches, venues essentiellement d’Espagne, du Portugal et du Maroc. Le coût de la main-d’œuvre y est en effet moindre. En France, 70 % du prix de revient d’un kilo de framboises correspond à la main-d’œuvre pour la récolte.
Par ailleurs, la filière française a connu quelques soucis de production : « on a été confrontés à des problèmes techniques qu’on a mis beaucoup plus de temps à régler que d’autres pays européens, plus spécialisés et mieux organisés que nous », confie Philippe Massardier.
Un autre reproche fait aux framboises françaises est leur fragilité : « les framboises cultivées en France sont gustativement excellentes, mais elles sont trop fragiles pour le circuit de la distribution », souligne Michel Biero, directeur exécutif des achats de Lidl France. « Combien de fois, à peine arrivées dans nos plateformes logistiques (…), elles ont été refusées car il y avait déjà du jus au fond de la barquette ».
Depuis le début de l’année 2020, Interfel a créé un groupe de réflexion autour des fruits rouges afin de structurer la filière : « il s’agit de voir comment travailler avec les professionnels de la sélection variétale (…) et comment intégrer à ce travail la vision du consommateur et de la vente, et pas juste la performance au niveau de l’exploitation », indique Olivier Ayçaguer, en charge du groupe. « Dans l’organisation du marché, il faut que la production soit l’activité la plus rentable, et pas l’activité de mise en marché ou l’activité de vente ».
Source : https://www.freshplaza.fr/