L’acquisition de Syngenta par ChemChina est à bout touchant
Plus de 80% des actionnaires du géant bâlois ont accepté de céder leurs parts à la date de clôture de l’offre publique d’achat. Sur l’année, l’action a gagné 71 francs.
Plus rien ne devrait arrêter la reprise de l’agrochimiste bâlois Syngenta par ChemChina. Une étape capitale a été franchie jeudi: 80,7% des actionnaires ont accepté de céder leurs parts au géant chinois de la chimie. Un minimum de 67% était requis pour la validation de l’opération. L’offre publique d’achat (OPA) avait été lancée en février 2016 pour 43 milliards de dollars, ce qui en fait la plus grosse acquisition réalisée par un groupe chinois à l’étranger. Sur une année, l’action Syngenta est passée de 390 à 461 francs à la bourse suisse. Le groupe sera décoté à partir du 15 mai prochain.
L’ultime étape de l’OPA chinoise aura lieu lors de la prochaine assemblée générale annuelle prévue le 26 juin prochain. La nomination d’un nouveau conseil d’administration sera alors entérinée. Quatre directeurs indépendants et quatre directeurs nommés par ChemChina seront nommés. «A Bâle, notre équipe de direction et notre conseil d’administration sont impatients de travailler avec Ren Jianxin, fondateur et président de ChemChina, pour continuer à développer la ligne de conduite de Syngenta en matière de croissance et de développement durable», explique une porte-parole.
Pas de perte d’emplois à Bâle
Il n’y a en effet aucun projet d’intégration des équipes des deux entreprises. «Il y a un vrai intérêt à maintenir Syngenta, spécialiste des produits innovants pour la protection des plantes, dans sa forme actuelle, commente Agathe Bouché, analyste à la banque Bordier à Genève. Le groupe suisse est complémentaire de ChemChina, qui, lui, est spécialiste des génériques.»
La sérénité est de mise à tous les niveaux de la multinationale bâloise. «Il n’y aura pas de pertes d’emplois dues à cette transaction, assure la porte-parole. L’accord de reprise est fondé sur la croissance avec un investissement à long terme pour notre société, nos employés et notre stratégie d’innovation.»
A ce propos, Michel Demaré, président du conseil d’administration du groupe bâlois, affirmait dimanche dernier dans la presse alémanique que «les Chinois considèrent comme des sites de premier ordre non seulement nos installations consacrées à la recherche, mais aussi celles dévolues à la production», en référence aux usines de Monthey, en Valais. Un accord garantit le maintien du site pour au moins cinq ans.
Identité préservée
Au préalable, ChemChina a dû obtenir le feu vert des autorités de la concurrence de divers pays. Les Etats-Unis et l’Union européenne ont approuvé la transaction le mois dernier, non sans avoir posé quelques conditions. Notamment la cession de quelques activités pesticides afin d’éviter que le groupe ne jouisse d’une position dominante sur ce marché. L’Inde n’a toujours pas donné son accord, mais la date limite pour une réaction est désormais échue.
Le groupe chinois, avec des opérations dans 150 pays, 140 000 collaborateurs et des ventes de 45 milliards de dollars en 2015, entend préserver l’identité de Syngenta, comme il l’a fait pour toutes les entreprises acquises à l’étranger. Notamment l’italien Pirelli (Pneus), l’allemand KraussMaffei (machines-outils et matériel militaire) et le norvégien Elkem (matériaux en silicium).
Source : letemps.ch