Les adjuvants des pesticides sont beaucoup plus toxiques que la substance active
C’est une nouvelle pierre dans le jardin de l’évaluation réglementaire des risques des pesticides que lancent le professeur Gilles-Eric Séralini et son équipe de l’université de Caen.
Dans une étude réalisée in vitro sur trois types de cellules humaines, le président du Criigen montre que 9 des préparations de pesticides (c’est-à-dire le mélange d’une substance active avec plusieurs adjuvants) les plus utilisés dans le monde ont des effets toxiques des centaines de fois supérieurs à ceux de la substance active seule. Or seule la substance active est évaluée à long terme par l’agence européenne de sécurité alimentaire (Efsa), alors que les adjuvants qui composent la préparation ne sont évalués que pour leur toxicité aigüe. L’étude a été publiée dans la revue à comité de lecture Biomed Research International.
“Nous avons étendu les travaux que nous avons faits avec le Round-Up et montré que les produits tels qu’ils étaient vendus aux jardiniers, aux agriculteurs, étaient de 2 à 1.000 fois plus toxiques que les principes actifs qui sont les seuls à être testés in vivo à moyen et long terme“, a expliqué Gilles-Eric Séralini à l’AFP. Il y a un an, l’équipe normande avait déjà mis en évidence qu’un des adjuvants essentiels de la formulation du Round-Up était non seulement toxique en lui-même, mais qu’il était plus toxique encore que le principe actif du désherbant-phare de Monsanto, à savoir le glyphosate. “On nous prend pour des imbéciles quand on nous dit que le glyphosate est le principe actif qui cause les effets secondaires, alors qu’on voit bien que d’autres molécules utilisées sont beaucoup plus toxiques“, déclarait alors Robin Mesnage, le premier auteur de l’étude en question.
“Les adjuvants ont non seulement une toxicité propre, mais ils accroissent celle des substances actives“, complète François Veillerette. Le porte-parole de Générations futures rappelle que si le règlement de 2009 concernant la mise sur le marché des produits phytosanitaires prévoit une évaluation pour quelques adjuvants, celle-ci est effectuée séparément. En clair, les effets synergétiques des différents composés chimiques ne sont pas évalués, et encore moins à long terme.
Autant d’éléments qui invalident encore un peu plus l’établissement de la dose journalière admissible (DJA), censée rendre compte de la toxicité chronique d’une substance. “Cette étude montre l’ampleur du scandale de la sous-évaluation des risques réels posés par les pesticides auxquelles les agriculteurs et le reste de la société également sont exposés chaque jour“, estime François Veillerette.
Source : journaldelenvironnement.net