Maroc campagne 13/14 les agrumes piégés par le marché russe

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Les impayés s’y accumulent depuis 9 mois, 70% de l’export directement touchés. 

Pour les professionnels, l’heure est grave sur cinq campagnes, le Maroc a perdu 26 points pour les petits fruits sur le marché de l’Union Européenne au profit de la Russie. Pour les oranges, la structure des exportations paraît stable. Mais en volume, elle a beaucoup changé depuis la campagne 2012-2013. Cette saison, pratiquement, les deux tiers de l’export d’agrumes ont été réalisés sur la Russie et le reste sur l’Ukraine et les marchés à contrat (Europe du Nord et Canada).

Le secteur agrumicole est au bord de l’effondrement. Le constat a été dressé lors de la dernière réunion du Comité de direction de l’Association des producteurs d’agrumes du Maroc tenue en milieu de semaine dernière à Casablanca. «Certains n’hésitent pas à qualifier le secteur de sinistré», lâche le secrétaire général de l’Aspam, Ahmed Darrab. A l’origine, les impayés qui s’accumulent depuis le mois d’octobre 2013. Et pour
d’importants volumes réalisés sur le Marché russe. «A tel point que les producteurs sont actuellement dans l’incapacité d’assurer des travaux d’entretien et d’irrigation des vergers», renchérit un producteur de la région d’Agadir.
Pourtant au niveau officiel, on se veut rassurant. Le communiqué publié par le ministère de l’Agriculture, à l’issue du Forum d’affaires maroco-russe, se félicite de «la qualité et du niveau des relations entre les deux pays dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche maritime». L’accent ayant été mis sur la volonté de développer le commerce des fruits et légumes, des produits de pêche et des céréales. Le Maroc accède ainsi à la demande de la partie russe d’absorber plus de volumes de céréales. Par contre, les professionnels ne relèvent pas une amélioration du cadre d’accès de nos agrumes sur le marché russe, notamment la baisse des droits et taxes. Ces derniers cumulent à quelque 250 dollars par tonne d’agrumes exportée. Ce qui représente le quart du prix de vente estimé à 1.000 dollars la tonne.
Mais pour ce qui est des retards de paiement et les litiges nés autour des expéditions de quelques lots de clémentine de faible qualité, les deux parties ont appelé les opérateurs privés à «davantage de coordination pour une meilleure gestion du marché». Lequel se caractérise depuis quelques années par une inflation du nombre d’opérateurs aussi bien à l’import qu’à l’export. Avec à la clé une hausse des volumes expédiés sans planification préalable, ce qui se traduit par de longs séjours des marchandises stockées et partant des problèmes de qualité. Or, depuis la fermeture du marché de gros de Moscou qui concentrait 60% des transactions, la grande distribution dont la part a fortement augmenté impose des règles plus draconiennes. «Ceci, sans oublier la faillite de gros importateurs, ce qui a encore aggravé les risques de paiement», relèvent les professionnels.
Dans sa dernière analyse, la Coface anticipe même une récession pour l’économie russe dès cette année. Le ralentissement de sa croissance y a été amorcé il y a deux ans avec une inflation à deux chiffres. Et déjà en 2013, il a été constaté des reflux massifs de capitaux: 62 milliards de dollars. Pour 2014, la Coface prédit une sortie de 50 milliards de dollars.

Source : Leconomiste.com  Édition N° 4298 du 2014/06/16

Erratum : Chers lecteurs, chers abonnés, nous tenons à vous présenter nos sincères excuses, ainsi qu’au professeur Taher Srairi, d’avoir cité son nom en tant qu’auteur de cet article. En fait, Mr Srairi a posté cet article sur le forum de discussion Techagro, sans mentionner la source, et nous l’avons cru l’auteur de cet article. Nous le remercions de nous avoir avertis, ce qui nous nous a permis de corriger cette erreur.

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