Pourquoi le Maroc ne profite pas du potentiel de l’Afrique ?
Le Maroc a beau faire preuve de dynamisme sur les marchés africains, il reste aujourd’hui encore des secteurs qui ne parviennent pas à tirer un profit optimal des potentialités offertes par le continent. L’agroalimentaire, un des piliers de l’export marocain, en fait partie. Analyse.
Avec la forte progression démographique de sa population, son urbanisation croissante et les changements en cours des habitudes alimentaires conjugués à l’élargissement accéléré de sa classe moyenne, l’Afrique est un marché qui recèle d’importantes opportunités pour le secteur agroalimentaire. Pourtant, malgré son fort dynamisme dans le continent, le Maroc ne semble pas encore en profiter comme il le faut.
La dernière note de la Direction des études et prévisions financières (DEPF) relevant du ministère de l’Economie et des finances sur la question souligne que la dynamique des exportations marocaines recouvre une offre peu diversifiée et concentrée sur quelques marchés seulement.
Globalement, la même source relève que les exportations agroalimentaires marocaines vers l’Afrique ont connu une croissance annuelle de 13% en moyenne sur la période 2000-2015. Les produits transformés sont prépondérants et une montée récente des produits frais est constatée. «Ces exportations marocaines vers l’Afrique ont été également concentrées sur les produits de base (farines, gruaux, semoules et agglomérés de céréales, extraits et essences de café ou de thé et fromage), mais avec une tendance haussière de la demande africaine d’autres produits alimentaires (légumes frais, congelés ou en saumure, agrumes, tomates fraîches et fruits frais) », peut-on lire dans le rapport de la DEPF.
Près de 84% des exportations de produits agroalimentaires vers l’Afrique touchent une douzaine de pays, avec une prédominance de la Mauritanie (16%), la Guinée (15%), suivie de l’Algérie (11%), le Sénégal (9%) et la Tunisie (9%). Cependant, l’analyse du positionnement du Maroc sur les marchés africains pour les principaux produits agroalimentaires montre que notre pays est, soit absent, soit très peu présent sur les principaux pays importateurs au niveau du continent. C’est le cas pour les agrumes, les tomates, les jus de fruits et légumes ou encore l’huile d’olive dont les principaux importateurs ne sont pas touchés par les opérateurs nationaux.
Par ailleurs, le document de la DEPF recense les principales problématiques qui entravent le développement des exportations de ce secteur vers l’Afrique. On y retrouve par exemple la multiplicité des frontières nationales qui font obstacle au commerce intra-continental. En outre, l’obligation de traverser plusieurs frontières et de se conformer à des régimes commerciaux différents entraîne une faible intégration des marchés. Les coûts de transaction (transport et assurance) sont également très élevés en Afrique et entravent la croissance du commerce intra-continental. Ces coûts sont en moyenne plus élevés pour le commerce intra-africain que pour les échanges avec le reste du monde.
La faiblesse des infrastructures et de la logistique, ainsi que la faible exploitation du transport maritime sont également citées comme des entraves majeures.
Pour y remédier et pouvoir tirer profit du potentiel des marchés africains, la DEPF a dressé une liste de recommandations qui incluent le ciblage des partenaires commerciaux prioritaires en fonction des potentialités de leurs marchés et l’amélioration du cadre juridique et réglementaire des accords de commerce et d’investissement conclus avec les pays de cette région.
Le rapport insiste en outre sur la nécessité d’adapter l’offre agroalimentaire marocaine aux spécificités de ces pays, le renforcement de la logistique commerciale liant le Maroc à ses partenaires africains ainsi que la coordination des stratégies des pouvoirs publics avec les opérateurs privés.
Voici par ailleurs l’intégralité du rapport de la DEPF.
Source : m.le360.ma