Pascal Poot, l’homme qui fait pousser 400 variétés de tomates sans eau ni pesticides
Dans l’Hérault, Pascal Poot a développé une méthode qui lui permet aujourd’hui de cultiver et de sélectionner quelques 400 variétés de tomates bio sans arrosage ni utilisation de produits phytosanitaires. Celui qu’on a pris « pour un fou » inspire aujourd’hui les plus grands chercheurs.
Pascal Poot est producteurs bio de semences depuis 20 ans. Installé sur 3ha à Olmet dans les Cévennes (Hérault), il conserve environ 450 variétés de tomates (il a créé le « Conservatoire de la tomate ») et autres variétés légumières anciennes.
Dans cette région au climat très aride et à la terre pleine de cailloux, Pascal fait pousser des tomates bio. La particularité de sa production : il n’arrose pas les plants, ne les entretient pas, et n’utilise aucun engrais ni pesticide ! Et ses plants produisent jusqu’à 25 kg de tomates chacun !
Eduquer les légumes pour leur apprendre à se défendre eux-mêmes
» Pourquoi les agriculteurs et les jardiniers se donnent-ils tant de mal à cultiver leurs légumes alors qu’à côté les mauvaises herbes poussent facilement sans rien exiger ? « C’est sur la base de ce constat que Pascal a développé une méthode qui lui permet aujourd’hui de cultiver et de sélectionner ses tomates sans arrosage (ou uniquement à la plantation) ni utilisation de produits phytosanitaires. « Tout le monde essaye de cultiver les légumes en les protégeant le plus possible, moi au contraire j’essaye de les encourager à se défendre eux-mêmes » explique Pascal dont le secret est de créer ses propres semences, résistantes à la sécheresse et aux maladies. Cette méthode lui permet d’obtenir des rendements plus élevés qu’en agriculture conventionnelle… et cela en respectant les pratiques de l’agriculture biologique.
Celui qu’on a pris « pour un fou » inspire aujourd’hui les plus grands chercheurs
« Au début on m’a pris pour un fou mais au bout d’un moment, les voisins ont vu que j’avais plus de tomates qu’eux, et jamais de mildiou, en plus, alors les gens ont commencé à parler et des chercheurs sont venus me voir » raconte Pascal Poot dans un reportage très complet sur ses techniques pour le journal Rue 89 (lire l’article sur le site rue89.nouvelobs.com).
Pascal Poot, fils d’agriculteurs et autodidacte, intervient et présente aujourd’hui le fruit de ses recherches en école d’ingénieurs agronomes et travaille en collaboration avec les organismes de recherche agronomique.
« Pascal Poot sélectionne ses semences dans un contexte de difficulté et de stress pour la plante, ce qui les rend extrêmement tolérantes, améliore leur qualité gustative et fait qu’elles sont plus concentrées en nutriment » explique Bob Brac de la Perrière, biologiste et généticien des plantes, et coordinateur de l’association environnementale Bede qui qualifie le travail de Pascal Poot d' »unique ».
Des stages ouverts à tous pour apprendre à tous à cultiver légumes et fruitiers bio sans eau
Une partie de ces graines sont vendues dans l’illégalité, parce qu’elles ne sont pas inscrites au catalogue officiel des espèces et variétés végétales du GNIS (Groupement national interprofessionnel des semences et plants). La législation interdit de transmettre ces graines : » Tous les semenciers ou presque ont été rachetés par des multinationales qui fabriquent des produits phytosanitaires et des engrais, leur intérêt c’est de faire en sorte que les plantes aient besoin de traitements pour pouvoir vendre leurs produits » explique Pascal Poot dans un reportage pour la chaîne Arte.
Afin de transmettre son savoir, Pascal Poot a ainsi décidé de proposer des stages ouverts aux particuliers (jardiniers ou néophytes), agriculteurs et professionnels de l’agriculture pour faire connaitre ses techniques de production de légumes et semences potagères. (Inscriptions pour le stage sur le site www.lesavoirfaire.fr)
Sébastien, qui a effectué un stage, raconte : « Appréciant les personnalités anticonformistes, j’ai trouvé en la personne de Pascal Poot l’homme que je cherchais pour confirmer mes idées sur l’agriculture moderne et ses aberrations. A travers mon stage » Cultiver 400 variétés de tomates sans arroser » j’ai mieux compris le fonctionnement des plantes, et surtout j’ai pu vérifier qu’il suffisait de savoir observer la Nature pour mieux la comprendre. Donc oui c’est vrai, on peut cultiver sans eau ou presque ! En arrosant lors de la mise en terre des plants, on peut laisser la plante se débrouiller seule contre le manque d’eau et les maladies. Pour cela il suffit d’y croire et de faire confiance à la Nature, qui en 3 années de récoltes des graines donnera naissance à des plants résistants, dont les parents auront marqué le code génétique en fonction de leur contexte d’évolution. Et grâce à des hommes comme Pascal et son équipe, nous apprécierons dans quelques années de trouver des tomates de toutes les couleurs et toutes les formes sur les marchés bio. J’ai pris part moi aussi à cette aventure en repartant avec les graines que je transmettrai à mes descendants. A la fois technique et philosophique, ce stage m’a fait autant apprécier le goût des bonnes tomates que celui des gens vrais. »
Source : bioaddict.fr