Une nouvelle théorie expliquant la disparition des abeilles
La population des abeilles connait un grand déclin dans le monde. Les scientifiques ont essayé d’expliquer ce phénomène mystérieux.
Certains ont pointé du doigt les maladies et les parasites envahissants comme l’acarien Varroa destructor, introduite de l’Asie et des États-Unis et qui déstabilise la population des abeilles. D’autres soulignent que la classe de pesticides appelés néonicotinoïdes qui perturbent le système nerveux des insectes. En outre, des experts ont accusé la perte de l’habitat sauvage, vue que la majorité des fleurs sont remplacées par des pelouses ou des fermes de production intensive ce qui appauvrit le régime alimentaire des abeilles.
Par ailleurs, une nouvelle et meilleure théorie estime qu’il n’y a pas un seul facteur qui a conduit à ce phénomène mais qu’il y a plusieurs paramètres qui ont agi ensemble d’une manière inattendue.
Dans un nouvel article de synthèse publié par « Science », une équipe de chercheurs explique que la combinaison de plusieurs facteurs « modernes » de stress est à l’origine de cette dégénérescence de la population des abeilles. Les pesticides seuls pourraient ne pas être suffisants pour provoquer cette catastrophe. Des études ont montré que les pesticides peuvent rendre les abeilles plus sensibles aux parasites envahissants, une mauvaise alimentation peut affaiblir les abeilles et constituer une source de maladies et que les fongicides et les autres pesticides sont plus puissants quand ils sont appliqués ensemble que séparément.
Maintenant, il peut sembler tout à fait évident que l’exposition chronique à différentes contraintes est néfaste pour les abeilles. Mais, étonnamment, notent les auteurs, la recherche scientifique et la veille réglementaire n’assimilent pas ces synergies. « Il est beaucoup plus facile d’étudier un seul facteur de stress en laboratoire ou sur terrain, » explique Dave Goulson, professeur de biologie à l’Université de Sussex et co-auteur de l’article de synthèse. « Mais nous n’avons pas vraiment essayé de traiter la façon dont tous ces paramètres interagissent. »
Goulson a ajouté que cette découverte pourrait effectivement aider pour sauver la population des abeilles. « Si vous travaillez avec l’hypothèse qu’il y a une seule cause à ce déclin, cela n’aboutira jamais, » dit-il. « Mais si vous reconnaissez qu’il y a plusieurs facteurs qui agissent sur ce phénomène : maladie, manque de nourriture, pesticides, alors dans ce cas vous pouvez atténuer la criticité de l’ensemble de ces facteurs «
Cela signifie qu’il faudra tout d’abord enrichir les terres agricoles avec des fleurs en réduisant l’utilisation de pesticides lorsque cela est possible et de mieux surveiller le commerce international des abeilles afin de limiter la propagation des maladies étrangères. Les auteurs notent qu’il faudra également avoir plus de donnés sur les abeilles sauvages, qui sont responsables de la pollinisation de la majorité des cultures, mais dont nous possédons peu de donnés.
Goulson note que le monde n’est pas confronté à une crise de pollinisation actuellement. « C’est vrai que des colonies d’abeilles ont disparu en hiver aux États-Unis et en Europe, mais les apiculteurs ont travaillé dure pour reconstituer les stocks au printemps. Néanmoins, si vous combinez la demande mondiale croissante de la pollinisation des cultures ; qui a triplé en 50 ans ; avec le déclin des pollinisateurs sauvages il y a une grande possibilité que les choses aillent très très mal dans le futur proche ».
Source : vox.com