Xylella fastidiosa identifiée en France
La bactérie tueuse d’oliviers Xyllela fastidiosa, qui attaque les arbres multiséculaires du sud de l’Italie, a été identifiée pour la première fois en France dans un plant de caféier intercepté au marché de Rungis.
Cependant, un risque de propagation de la maladie semble « écarté « , aucun insecte vecteur de la maladie n’ayant été détecté dans la serre du revendeur, a précisé le ministère de l’agriculture, le 16 avril dans un communiqué.
Le ministère de l’Agriculture avait indiqué, le 15 avril, que les plants avaient été saisis à une date non précisée chez un revendeur du premier marché de gros européen, près de Paris. » Ils ont été introduits dans l’Union européenne via les Pays-Bas » et proviendraient « d’Amérique Centrale » a-t-il précisé. C’est le même itinéraire que celui suivi par la bactérie qui décime depuis 2013 les oliveraies des Pouilles, dans le sud de l’Italie.
Selon l’Institut agronomique méditerranéen basé à Bari, la bactérie est arrivée dans le pays via des plants de caféiers ornementaux en provenance du Costa Rica. Depuis, elle a attaqué des milliers d’oliviers des Pouilles, nichée dans le talon de la botte, l’une des premières régions productrices d’huile d’olive au monde, également riche en vignes et en fruits.
Mesure unilatérale
Une enquête est en cours pour déterminer l’origine exacte des plants de caféiers, a indiqué le ministère français qui attend d’en savoir plus pour déterminer s’il y a lieu de prendre d’autres mesures sur d’autres végétaux sensibles qui auraient pu être exposées au risque de contamination. La France a entamé une campagne de surveillance et de prévention renforcées au début du mois d’avril pour se protéger et interdit unilatéralement l’importation de végétaux en provenance des zones infestées.
La mesure, qui cible de fait directement les productions des Pouilles, provoque en Italie une vive émotion. Mais le ministère français fait valoir qu’il a défendu depuis le départ l’adoption de mesures de protection au sein de l’Union européenne. Mais » puisqu’aucun plan n’a encore été proposé au niveau européen, nous avons décidé de ne pas attendre et de prendre nos propres mesures nationales « , justifie-t-il. Une décision est attendue à la fin du mois lors de la réunion du comité d’experts à Bruxelles, mais ceux-ci hésitent encore sur la liste des végétaux à intégrer, selon cette source.
Aucun traitement
La proximité de la Corse avec les côtes italiennes, région qui a relancé dans les années 80 sa production d’olives tombée en désuétude, et l’inquiétude du Languedoc-Roussillon, grande région fruitière du sud de la France, ne sont pas non plus étrangères à la décision française alors qu’aucun traitement ne permet d’éradiquer la bactérie transmise par un insecte volant.
Le député européen José Bové et un ancien élu corse, François Alfonsi, sont montés au créneau, évoquant » une menace jamais vue sur l’ensemble du pourtour méditerranéen » pesant » à la fois sur notre culture et sur nos productions agricoles « .
Le ministre italien de l’Agriculture, Maurizio Martina, a qualifié la réaction française de » totalement inopportune « , jugeant que le problème devait être traité par » l’Europe toute entière et de manière coordonnée « .
« On a des millions d’oliviers dans les Pouilles, dont seulement une dizaine de milliers malades « , s’insurge aussi auprès de l’AFP Cosimo Lacirignola, directeur de l’Institut agronomique de Bari et enfant des Pouilles, qui comprend mal la décision d’interdire » 102 espèces végétales alors que 13 seulement sont susceptibles d’être infestées « . Dont les pêchers, les cerisiers, les amandiers, les romarins et les lauriers. Xyllela fastidiosa, relève-t-il, est présente dans les vignobles californiens depuis 130 ans. Mais en Italie, c’est la sous-espèce Paoca qui a été identifiée et ne s’attaque qu’à 13 espèces dont les oliviers. La piste pour s’en débarrasser, selon lui, consiste à éliminer les larves avant qu’elles ne deviennent des insectes volants.
En attendant, des milliers d’oliviers centenaires des Pouilles, l’emblème même de Mare Nostrum depuis l’Antiquité, risquent d’être arrachés pour contenir la bactérie.
Source : lafranceagricole.fr