Zaafrania, le retour du safran (bio) en Tunisie
L’interview d’Imen et Khaoula, fondatrices de Zaafrania:
Comment est venue cette idée d’entreprendre?
« L’idée nous est venue lors d’un voyage au Maroc. On a vu que le safran était une plante méditerranéenne. Pourquoi alors ne pas tenter l’aventure en Tunisie ? La culture du Safran a disparu depuis des décennies en Tunisie. Notre entreprise se propose de la réimplanter et de la faire découvrir à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Nous sommes toutes les deux tunisiennes. Nous avons fait le choix de revenir aux sources et de tenter l’expérience. »
Comment le programme MEETAfrica vous a-t-il aidé?
« Nous avons travaillé un peu dans le milieu de la recherche donc nous connaissions l’IRD. En suivant leurs actualités, nous avons découvert le programme et nous avons soumis notre candidature. Ensuite, il y a d’abord eu la sélection, puis le lancement du programme en octobre 2016 à Marseille et enfin, les séances de coaching ponctuelles en France avec Marseille Innovation et l’IRD. Les critères de sélection sont accessibles. Ce programme a été un vrai propulseur pour notre activité. Nous avons été coachées pendant 1 an et demi par des experts dans plusieurs domaines : communication, juridique, gestion de projet…. Nous n’avions aucune expérience entrepreneuriale. Notre parcours est très académique. Ce n’est donc pas facile de changer d’orientation. L’accompagnement devient alors primordial. »
Quelles ont été les grandes étapes et difficultés rencontrées sur la voie de l’entrepreneuriat?
« D’abord, la fondation de la société en avril 2017. Nous avons eu le soutien de l’APIA et l’APII pour effectuer les démarches et aider à l’implantation en Tunisie.Ensuite, nous avons mené une étude de marché. Les résultats ont démontré que nous devrions d’abord créer une société exportatrice avant d’attaquer le marché tunisien. Mais on reste très prudentes, on attend de connaître la qualité du safran avant de débuter la commercialisation sur le marché international.
Ce n’est pas évident de vendre à l’international. Il faut avoir des labels… En ce moment, nous attendons la certification biologique Écocert. Nous avons déjà reçu la certification ISO 3632 (safran de qualité). Il faudra après annoncer ces certifications pour aborder les clients européens. Aussi, mis à part la vente de Safran en pistil, nous envisageons d’élargir la gamme avec des produits safranés afin d’associer les produits du terroir tunisien avec le Safran. Pourquoi alors ne pas créer des contrats de partenariat avec des agriculteurs locaux ? »
Quelle est la valeur ajoutée de votre entreprise pour l’Afrique?
Khaoula :
« Je dirais que notre projet est original et innovant car nous sommes les seules à faire du safran en Tunisie. Nous avons aussi fait le choix de faire de l’agriculture biologique, respectueuse de l’environnement. Avant de s’implanter, nous avons analysé le sol pour vérifier qu’aucun produit chimique n’avait été utilisé auparavant et qu’il était possible d’y planter du safran. Aussi, nous faisons tout à la main, dans toutes les étapes de la culture : plantation, désherbage, récolte… pour préserver au maximum la plante et son environnement. »
Imen :
« J’ajouterais que l’un des impacts de Zaafrania se situe dans le domaine de l’emploi. Pour effectuer toutes ces étapes, manuellement, nous avons eu une équipe très présente, presqu’exclusivement féminine, créant ainsi une réelle dynamique dans le village et ce, pendant plusieurs mois de l’année. Nous ne sommes pas très loin de la capitale mais en même temps dans une région agricole qui permet cette disponibilité de main d’œuvre. »
Quels conseils donneriez-vous aux futurs entrepreneurs?
« Ne pas hésiter à se lancer. Le programme nous a encouragées car c’est un peu difficile de sortir de la peau du chercheur pour devenir entrepreneur. C’est grâce à ce programme que notre appréhension a été désamorcée. Le lancement d’une entreprise est un vrai moment de partage. En ce qui concerne Zaafrania, c’est l’aventure pour tout le monde ! Nos familles, le village… Lorsque la première fleur a éclos, nous avons tous ressenti beaucoup d’émotions. »
Source: meetafrica.fr