La traditionnelle Tomatina devenue un business controversé
La bataille à coups de tomates à laquelle se sont livrés, ce mercredi 31 août, 22 000 adeptes, est devenue un véritable produit marketing, s’exportant dans le monde entier malgré les critiques de gaspillage.
A 11 heures ce mercredi 31 août, la petite commune espagnole de Buñol, aux 9 000 habitants, s’est transformée en véritable arène pour la plus grande bataille de tomates au monde : la Tomatina. Cette fête, célébrée chaque année le dernier mercredi du mois d’août, a rassemblé aujourd’hui 22 000 personnes qui se sont balancé quelque 160 tonnes de tomates.
Une tradition qui remonte à 1945. « Personne n’est vraiment sûr de l’histoire« , admettent les organisateurs. Rixe entre jeunes de Buñol, conséquences anarchiques d’un déversement accidentel d’un camion… Les théories sont nombreuses.
Marketing
Aujourd’hui, la tradition a laissé place à un véritable marketing. La fête a obtenu en 2002 le label «Fête d’intérêt touristique international». Face au succès grandissant de ce festival – 50 000 personnes en 2012 – les places sont désormais limitées à 22 000 festivaliers. Se jeter des tomates a un coût, de 99 à 189 dollars [89 à 169 €] en fonction des services supplémentaires souscrits (nuit d’hôtel, transport, soirée, etc).
S’inspirant du succès de la Tomatina, d’autres villes espagnoles ont mis en place leurs propres festivités. Ainsi, une bataille du vin a lieu chaque 29 juin à Haro, une petite ville de La Rioja, dans le nord de l’Espagne. 7 500 personnes, tout de blanc vêtues, s’aspergent en moyenne 75 000 litres de vin à l’aide de pistolets en plastique et de seaux.
Faute de budget pour tenir les traditionnelles corridas, la localité de Mataelpino, non loin de Madrid, organise quant à elle depuis 2011 la « Boloencierro« . Le principe ? Les participants courent devant une boule géante de polystérène de trois mètres de diamètre et de 150 kilos. Le concept de la Tomatina s’exporte aussi en Colombie, au Chili ou en Inde et en Corée du Sud.
Gaspillage
La tradition n’échappe pas aux accusations de gaspillage, notamment au Nigeria, qui connaît depuis le mois de mai une crise de la tomate. Selon le site américain Foreign Policy, une chenille ravageuse a endommagé 80% des cultures de tomates au printemps 2016, faisant grimper considérablement les prix. Sur Twitter, plusieurs Nigérians avaient exprimé leur désarroi face à la quantité de tomates détruites lors de la Tomatina.
Face à la polémique, le maire de Buñol, Rafael Pérez Gil, avait déclaré à la BBC que le festival « ne devrait pas être blâmé » pour la crise de la culture de tomates du Nigeria, ajoutant que les tomates utilisées étaient sur le point de pourrir.
Source : liberation.fr