Agrumes : De nouvelles variétés bientôt sur le marché
• l’INRA va lancer un appel à concurrence pour la sélection des pépiniéristes intéressés par l’exploitation de ces variétés d’agrumes obtenues à l’issue des recherches menées par l’établissement.
• Il s’agit de six nouvelles variétés de mandarines et une d’orange.
L’Institut national de recherche agronomique continue d’innover dans le domaine agrumicole. L’établissement ne tardera pas à mettre sur le marché de nouvelles variétés d’agrumes. Un appel à concurrence est programmé au cours de ce mois de mai en vue de sélectionner les pépiniéristes intéressés par l’exploitation de ces variétés d’agrumes obtenues à l’issue des recherches menées par l’établissement. C’est ce qu’indiquent ses dirigeants. Al Mahdia, Al Gharbaouia, Al Maamora, Hana, Aya, Mabrouka, sont autant de noms évocateurs attribués aux nouvelles variétés de mandarine, ainsi que Chamsia pour une nouvelle variété d’orange, que ne tarderont pas à expérimenter les agrumiculteurs.
A travers ces nouvelles variétés, il s’agit d’introduire des espèces plus résistantes tant au froid qu’aux maladies et ravageurs d’agrumes. Les programmes d’amélioration variétale menés ont permis également l’élargissement de la période de maturation, la production de fruits sans pépins et faciles à éplucher. Ceci sans oublier la maîtrise de la composition chimique du fruit et celle du comportement post-récolte de l’espèce. Intérêt pour la filière : une meilleure compétitivité sur les marchés internationaux.
A ce sujet, Hassan Benaouda, chef du Centre régional de la recherche agronomique de Kénitra, expose que la compétitivité de nos variétés sur les marchés extérieurs repose sur deux critères dans le programme d’amélioration génétique du groupe de mandariniers. Il s’agit d’une part de la qualité du produit, à savoir l’aspermie, la facilité d’épluchage, la régularité de l’écorce et la qualité organoleptique; mais aussi, d’autre part, de l’étalement de la production par la sélection et la création des variétés très précoces et/ou très tardives. «Ces deux critères constituent, pour l’INRA, un objectif très important dans le programme de sélection et de création par hybridation sexuée de nouvelles variétés de mandariniers et de clémentiniers», précise-t-il. En ce qui concerne le groupe des orangers, le programme d’amélioration génétique vise une diversification variétale dans ce groupe par la création et la sélection des variétés très précoces ou tardives, ajoute Dr Benaouda.
A noter que l’innovation variétale dans le domaine des agrumes est un axe prioritaire pour l’INRA. Des collections du matériel génétique des agrumes ont été installées depuis les années 1960 dans les principales régions agrumicoles du Royaume, notamment dans les domaines expérimentaux de l’INRA à El Menzeh et Allal Tazi au Gharb, au domaine Afourer au Tadla et au domaine Melk Zhar dans le Souss, est-il indiqué dans une note de présentation du programme en la matière. Ces collections qui abritent plus de 500 espèces d’agrumes sont utilisées comme ressource pour les programmes de création et de sélection de nouvelles variétés et porte-greffes d’agrumes. Elles permettent aussi de préserver à long terme la diversité des agrumes du genre citrus et d’autres genres et espèces au sein des rutacées.
Continuer d’investir dans la diversification variétale
Ces dernières années des stratégies et méthodes innovantes ont été développées. Dans ce cadre, plusieurs nouveaux porte-greffes hybrides ont été obtenus par croisement dirigés dont certains ont montré une résistance vis-à-vis de la salinité, assure le chercheur de l’INRA. «Des associations variétés porte-greffes performantes en termes de qualité et de production ont été définies pour les zones agrumicoles du pays. En outre, plusieurs hybrides de mandariniers diploïdes et triploïdes ont été obtenus dont neuf ont été inscrits au catalogue officiel», poursuit-il.
C’est ainsi que pour le groupe des orangers, cinq variantes d’orangers ont été inscrites, en plus d’un oranger très précoce. Aussi, plusieurs nouveaux hybrides de mandariniers et de porte-greffes issus de ces ressources génétiques sont en cours d’évaluation.
Ces nouveautés sont d’un grand intérêt pour la filière agrumicole. Pour rappel, cette activité constitue un levier de développement socio-économique d’importance. Elle a créé plus de 120 000 emplois stables et produit 2,3 millions de tonnes par année, dont une quantité de 650 000 tonnes destinée à l’export. En termes de chiffre d’affaires, elle génère 3 milliards de dirhams par année. Le rendement des agrumes de l’ordre de 18 t/ha, reste toutefois très modeste comparativement à ceux réalisés dans d’autres pays producteurs. Très variable à l’échelle nationale, il dépend largement du choix du porte-greffe, de la variété, des régions et des conditions pédoclimatiques des régions de culture, souligne Dr Bendaoud.
«Le profil variétal du verger agrumicole reste dominé par des variétés de clémentiniers de saison avec un manque de variétés très précoces et de variétés tardives. Pour les orangers, on note une dominance d’une seule variété tardive qui est la valencia late, avec le manque de variétés plus tardives dans ce groupe», poursuit le chercheur. D’où l’intérêt de continuer d’investir dans la diversification variétale pour doper la production nationale et booster la compétitivité de l’origine Maroc.
Source : https://www.lavieeco.com