Alerte virus le ToBRFV (Virus du fruit rugueux de la tomate brune)
Le virus de la tomate brune (Tobamovirus, ToBRFV, Tomato Brown Rugose Fruit Virus en français Virus du fruit rugueux de la tomate brune) a été identifié pour la première fois sur des tomates en Jordanie en 2015. Mais la maladie a été observée une année avant, (automne 2014) en Israël et s’est disséminée dans tout le pays en l’espace d’un an.
Des épidémies ont récemment eu lieu en Allemagne, en Italie et au Mexique où le virus est aujourd’hui une source de préoccupation majeure pour les producteurs de tomate et de poivron.
Le ToBRFV étant un virus émergent et la tomate étant une culture importante dans la région Euro-méditerranée, la très sérieuse OEPP (Organisation Européenne et Méditerranéenne pour la Protection des Plantes) a décidé en Janvier 2019 de l’ajouter à sa liste d’alerte.
Les pays aujourd’hui touchés sont : La Jordanie (identifiée pour la première fois en 2015), l’Allemagne (en cours d’éradication), Israël (premiers symptômes de la maladie en 2014), Italie (Sicile) et le Mexique (en cours d’éradication).
ToBRFV est un virus relativement nouveau et est étroitement lié à TMV et à ToMV. Presque toutes les variétés de tomates actuellement disponibles résistent à la fois au TMV et au TOMV, mais ce nouveau virus a brisé la résistance. Les symptômes sont globalement similaires à ceux du PepMV.
La tomate et le poivron sont les principaux hôtes de ce virus. Des expériences d’inoculation ont montré que le N. tabacum (tabac) développaient des symptômes et que des mauvaises herbes telles que Chenopodiastrum murale et Solanum nigrum pouvaient servir de réservoirs au ToBRFV. Les plants d’aubergine et de pomme de terre n’ont pas présenté de symptômes après inoculation du virus et ce dernier n’a pas été trouvé lorsque les plantes ont ensuite été testées par ELISA.
Sur les tomates, les symptômes varient selon les variétés. Les cultivars dotés du gène de résistance au Tm-22 (utilisé contre d’autres tobamovirus) sont sensibles au ToBRFV. Les symptômes foliaires incluent : chlorose, mosaïque et marbrures avec rétrécissement occasionnel des feuilles.
Des taches nécrotiques peuvent apparaître sur les pédoncules, les calices et les pétioles. Les fruits présentent des taches jaunes ou brunes, avec des symptômes rugueux rendant les fruits non commercialisables. Les fruits peuvent aussi être déformés et avoir une maturation irrégulière. Dans le document décrivant la première découverte en Israël, les plantes malades avaient entre 10 et 15% de fruits symptomatiques. En Jordanie, par contre, dans le premier foyer signalé, l’incidence de la maladie a atteint presque 100%.
Sur le poivorn, les symptômes foliaires comprennent la déformation, le jaunissement et la mosaïque. Les fruits sont déformés, avec des zones jaunes ou brunes ou des rayures vertes.
Le virus du ToBRFV est transmis par graine, contact (outils, mains, vêtements, contact entre plantes) et par propagation en pépinière (greffes, boutures). Les tobamovirus, en général, peuvent rester infectieux dans les semences, les restes de plantes et le sol contaminé pendant des mois.
On trouve le virus dans le tégument mais aussi dans l’endosperme, ce qui pourrait expliquer l’inefficacité des traitements classiques de désinfection des semences pour les contrôler. Même si la transmission des semences aux semis est faible, la dissémination supplémentaire par contact (manipulation lors de la transplantation ou l’entretien de la culture) permet une propagation rapide dans la serre.
Une fois que le virus est introduit dans une zone donnée, les mesures de contrôle sont très limitées et reposent principalement sur l’élimination des plantes infectées et sur des mesures d’hygiène strictes.
Des méthodes de test (ELISA, RT-PCR) sont disponibles pour détecter le virus, notamment dans la graine.
Source : mediahorticole