Réussir son compost à la ferme (part. 2)
Le compost est d’une grande importance pour le sol, il permet d’améliorer sa structure. Grâce à sa richesse en matières organiques il aide à rendre au sol plusieurs de ses caractéristiques qui se sont épuisées avec le temps et l’utilisation. Le compost permet de lutter contre plusieurs espèces de nématodes et de réduire les apports en engrais chimiques.
Sur l’article précédent (part. 1) on a vu que la réussite du compost n’est pas difficile et qu’il suffit de respecter les 4 conditions essentielles, à avoir :
1. l’apport en nutriments : lors du mélange de la matière organique de départ le rapport carbone/azote doit se situer entre 20/1 et 40/1,
2. l’humidité : doit se situer entre 40 et 65%.
Voyons maintenant les 2 autres conditions, à savoir 3- l’oxygène et 4- la chaleur.
3- l’oxygène : L’oxygène est apporté de diverses manières. La plus simple est le retournement de l’andain/tas de compost, l’utilisation de ventilateurs ou de tuyaux d’aération à l’intérieur de l’andain/tas, et la circulation naturelle de l’air entre les particules de matière première sont des méthodes couramment utilisées pour assurer cet apport. Selon les experts, la teneur en oxygène du compost doit atteindre au moins 5 %, 10 % étant l’idéal. Toutefois, il sera nécessaire d’utiliser un instrument pour mesurer la concentration en oxygène. Vers la fin du processus de décomposition du compost, la concentration en oxygène augmente. Les éléments suivants ont un effet sur les taux d’oxygène et la qualité du compost :
- la densité de la matière; la présence de particules très petites peut entraîner le compactage du compost, notamment si leur degré d’humidité est élevé. Le compost n’arrivera alors plus à respirer;
- une teneur en humidité élevée du tas (au-dessus de 65 %);
- la taille de l’andain (plus il est gros, moins il y a d’air au centre du tas, en général une hauteur de 2 mètres paraît bonne);
- la fréquence de retournement au cours de la phase de compostage actif;
- un compost produit de manière aérobique (avec une grande quantité d’oxygène) contiendra un plus grand nombre de bactéries et de champignons bénéfiques; un compost produit de manière anaérobique contiendra également des bactéries et des champignons, mais ceux-ci ne seront pas tous bénéfiques. En règle générale, dans des conditions anaérobies, le compost ne se décompose pas aussi bien, et s’il est utilisé dans des terreaux pour culture en serre, il peut concurrencer les plantes pour l’azote si le rapport C/N est élevé (par exemple si le rapport C/N est supérieur à 15:1).
4- La chaleur
Lorsque le rapport C/N, l’humidité et l’oxygène sont dans les fourchettes idéales, l’activité microbienne générera de la chaleur. Il est important de s’assurer que les températures se situent dans la fourchette thermophile optimale afin de préserver la qualité du compost et de détruire la plupart des pathogènes et des graines de mauvaises herbes qui peuvent être présents dans la matière première. Pour ce qui est de la phase thermophile (phase active) du compostage, la fourchette de température voulue se situe entre 55 °C et 70 °C. Des températures inférieures à 45 °C au cours des deux à trois premières semaines du compostage peuvent indiquer la présence d’un problème concernant l’un des trois éléments essentiels : oxygène, humidité ou rapport C/N. Des températures situées au-dessus de 70 ˚C nuiront à la survie des bactéries et des champignons bénéfiques; elles sont même susceptibles de détruire certains d’entre eux. Selon les recommandations de la Compost School de l’Université du Maine, les tas ou andains de compost doivent être retournés :
1) à environ 66 °C,
2) si la température chute sans raison, ou
3) si la différence entre la température à 30 cm et celle à 90 cm est supérieure à 7 °C (On-Farm Composting Handbook). Il convient donc de vérifier régulièrement la température. Pour ce faire, il est possible d’utiliser un thermomètre à compost qui peut s’enfoncer à 60 et 90 cm dans le tas. Une fois que le tas a atteint les températures thermophiles pendant deux à trois semaines, le compost devrait progressivement commencer à se refroidir. C’est ce qu’on appelle la phase de séchage. Lorsque la température du compost ne s’élève plus à plus de 10 °C au-dessus de celle de l’air ambiant, on considère que le tas est sec ou arrivé à maturité.
Conseil pour le compostage : Si l’intérieur du tas est froid et l’extérieur chaud, cela signifie que le tas est trop humide ou qu’il manque d’oxygène; il faut alors le retourner. Si l’extérieur est froid et l’intérieur chaud, le tas est trop sec. Il faut alors y apporter de l’eau et le retourner.
Pour consulter l’article complet du MAAARO sur le compostage, cliquez sur le lien suivant : http://www.omafra.gov.on.ca/french/engineer/facts/05-024.htm.