Des tomates transforment les chenilles en cannibales
En stimulant la défense induite de plants de tomates, des chercheurs ont mis en évidence un phénomène de cannibalisme chez les chenilles légionnaire de la betterave (Spodoptera exigua) qui tentent de les consommer.
CANNIBALISME. Que se passe-t-il quand des chenilles du légionnaire de la betterave (Spodoptera exigua, type de papillon de nuit) se retrouvent au milieu de plants de tomates immangeables ? Elles se mangent entre elles ! Le phénomène a été décrit dans une étude publiée le 10 juillet 2017 dans la revue Nature Ecology & Evolution et serait consécutif d’un mécanisme de défense mis en place par les plantes pour éviter de se faire dévorer.
Stimuler les tomates avec un signal d’alerte végétal
Pour vérifier leur théorie, les chercheurs ont mis en présence des plants de tomates des légionnaires de la betterave, une espèce de chenille connue pour être particulièrement vorace. Elle a d’ailleurs la triste réputation d’être une ravageuse de cultures. Afin de tester l’effet des tomates sur leur appétit, 40 plants de tomates ont été placés dans des containers en plastique séparés contenant chacun 8 larves de chenille.
DANGER. Les plants étaient répartis en quatre catégories différentes. Dans la première catégorie les plans n’avaient subi aucun traitement particulier, il s’agissait d’un lot témoin. Les trois autres lots avaient préalablement été aspergés d’une solution de jasmonate de méthyle à trois niveaux différents : faible, moyen et important. Le jasmonate de méthyle est un message chimique d’origine végétale naturellement émis par les plantes à la suite d’un danger. Dans la nature, cette alerte a pour objectif d’avertir les plantes situées à proximité de l’existence d’une menace potentielle afin qu’elles puissent se protéger en conséquence. Autrement dit, les trois lots de tomates testés réagissaient comme si un congénère les avait avertis d’un danger imminent.
Le cannibalisme des chenilles augmente avec la défense des tomates
Pendant huit jours consécutifs, les chercheurs ont ainsi compté les chenilles puis pesé les plans de tomates afin de déterminer la quantité consommée par les insectes. Au final, plus les plans ont été aspergés avec une solution concentrée en jasmonate de méthyle, plus le cannibalisme des chenilles était répandu. A contrario les plants faiblement arrosés ont été entièrement consommés par les chenilles.
Dans la nature, pousser les insectes à devenir cannibales permettrait ainsi à la plante d’éviter de se faire faire dévorer tout en réduisant le nombre de ses prédateurs. Mais les chenilles deviennent-elles également cannibales lorsqu’elles ont l’embarras du choix dans leur menu, c’est à dire pas seulement un plant de tomate immangeable ? C’est ce qu’une future étude devra désormais chercher à déterminer.
Source : sciencesetavenir.fr